Au sein de votre entreprise, vous faites votre possible pour limiter votre impact environnemental, vous tentez de contribuer au bien-être de la société et de vos salariés, et vous vous efforcez de résonner positivement sur l’économie. En bref, vous vous êtes engagés dans une démarche RSE, et vous souhaitez désormais vous faire labelliser. Sauf que, dans la jungle des labels existants, difficile de s’y retrouver ! Voici quelques conseils pour vous aiguiller.
Une multitude de labels
Selon un récent rapport remis au Ministère de l’Économie fin 2020 et publié en février, il existerait aujourd’hui en France pas moins d’une quarantaine de labels RSE. De quoi donner le tournis, d’autant plus que tous ne se basent pas sur les mêmes critères et ne s’adressent pas aux mêmes cibles. Ce manque de visibilité expliquerait peut-être que sur les 4 millions d’entreprises que compte la France, on ne compte que 800 entreprises labellisées selon une étude de Goodwill Management. Pourtant, selon BPI France, 90% des dirigeants de PME ont des actions en faveur de la RSE !
Parmi les différents labels, on distingue quatre grands « types » : les labels généralistes, qui s’adressent à tout type d’entreprise, les labels territoriaux, basés sur l’implantation géographique, les labels thématiques, liés à un enjeu spécifique tel que la biodiversité, l’égalité professionnelle… et enfin les labels sectoriels, qui, comme leur nom l’indique, s’adressent aux entreprises d’un même secteur d’activité. Ces derniers sont majoritaires et regroupent une grande partie des entreprises labellisées.
Quels critères ?
Selon la plateforme RSE, un label RSE est une « attestation de garantie délivrée par une tierce partie qui caractérise la démarche RSE mise en œuvre par une entreprise au sens des lignes directrices ISO 26000 ». Nombre de labels s’appuient en effet sur la fameuse norme ISO 26000, qui définit la RSE au niveau international, pour élaborer leurs critères d’évaluation.
Afin d’améliorer la lisibilité des différents labels, le rapport rédigé par Coralie Dubost, Fella Imalhayene et Jean-Paul Chapron, recommande l’élaboration d’une charte reposant sur 12 critères :
– L’exemplarité
– La transparence sur le statut, la gouvernance et les sources de financement
– La transparence sur les critères et les référentiels utilisés
– La matérialité, soit la prise en compte des spécificités de chaque entreprise (le secteur d’activité, la taille…)
– La progression, afin d’inciter les entreprises à s’engager toujours plus loin dans leur démarche RSE
– La comparabilité avec les standards internationaux, pour que les entreprises puissent comprendre sur quels référents le label s’appuie
– La simplicité, afin de ne pas compliquer les démarches pour les entreprises souhaitant être labellisées
– L’accessibilité, soit la transparence sur le coût de l’adhésion au label
– L’accompagnement, la fédération et la promotion des entreprises labellisées
– La représentativité, pour que le label soit cohérent avec les objectifs des parties prenantes
– La séparation des compétences, c’est-à-dire l’obligation de contrôle par un organisme indépendant
– L’adaptabilité, soit le fait de pouvoir faire évoluer les référentiels au fur et à mesure des nouveaux enjeux RSE
En attendant l’élaboration d’une telle charte, à chacun de se renseigner comme il le peut sur les différents labels existants, dont les critères, vous l’aurez compris, ne sont pas toujours aisément accessibles.
Les principaux labels
Labels généralistes
Parmi les principaux labels généralistes, on trouve le Label Engagé RSE, le Label Lucie, B-corp, et Global Compact. Tous s’adressent à tout type d’entreprises, et présentent différentes caractéristiques.
- Le Label Engagé RSE a été créé par l’Afnor (Association française de normalisation), et compte 170 entreprises certifiées. Son principal objectif est d’évaluer le degré d’application de la norme ISO 26000 au sein des entreprises. Il est aujourd’hui majoritairement utilisé dans les grandes entreprises, notamment dans le secteur de l’industrie.
- Le Label Lucie s’appuie également sur la norme ISO 26000 et se décline selon différents référentiels basés sur la situation géographique, le secteur ou la taille de l’entreprise. Il s’agit du premier label RSE français. Il compte un peu plus de 300 entreprises labellisées selon le rapport remis au Ministre de l’Économie.
- Le label B-Corp est un label d’origine américaine, de dimension internationale, utilisé en France. Il atteste des effets favorables des activités des entreprises sur la société et sur le développement durable et, selon une étude de Goodwill Management, serait essentiellement utilisé par de jeunes entreprises de services à forte croissance.
- Global Compact est rattaché à l’ONU et appuie sa certification sur 4 thématiques : le respect des Droits Humains, des normes internationales du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption.
Les labels thématiques
Certains labels évaluent les performances des enjeux RSE dans leur ensemble, tandis que d’autres se focalisent sur des thématiques plus précises : environnement, relations acheteurs-fournisseurs, gouvernance…
Parmi les labels thématiques, on peut citer le Label Égalité de l’Afnor, qui promeut l’égalité hommes-femmes, ou le Label de l’Union for Ethical BioTrade, concernant les produits respectant la dignité de l’Homme et la protection de la biodiversité.
Les labels territoriaux
Ces labels sont en général initiés par les collectivités locales, ce qui les rend souvent plus « proches » des entreprises labellisées. Ces labels intègrent souvent une mesure de l’impact territorial, et peuvent être intéressants pour des entreprises qui souhaiteraient valoriser leur implication locale.
Citons par exemple le label « Alsace Excellence », qui promeut l’économie locale, le label « Produit en Bretagne » ou encore le label « Lyon, Ville Équitable et Durable ».
Les labels sectoriels
Ces labels sont les plus représentés, et seraient, selon Jean-Paul Chapron, Coralie Dubost et Fella Imalhayene, les plus à même de « proposer un accompagnement RSE efficace », notamment grâce à leur connaissance plus fine du secteur d’activité et la pertinence de leurs réseaux.
Les secteurs concernés sont multiples, et vont de l’événementiel à la coiffure, en passant par les agences de communication ou encore les matériaux de construction.
Comment bien choisir le label RSE adapté à son entreprise ?
Maintenant que vous en savez un peu plus sur les labels RSE, comment choisir au mieux celui qui vous correspond ?
Commencez par identifier vos objectifs : s’agit-il de mettre en avant une thématique particulière ? D’inscrire votre entreprise dans une démarche locale ? De bénéficier d’un réseau de labellisés issus du même secteur que vous ? D’être le plus identifiable possible pour le grand public ?
Ensuite, sélectionnez dans la mesure du possible un label qui s’adosse à la norme ISO 26000, et dont les critères d’évaluation sont accessibles. Enfin, examinez aussi comment l’organisme certifie l’entreprise : un audit réalisé par un organisme tiers sur site sera probablement plus poussé (et plus solide) qu’un simple questionnaire en ligne.
Quels sont les avantages d’un label RSE ?
Bien que la démarche ne soit pas toujours évidente, obtenir un label RSE présente des avantages certains.
Pour ceux qui se lancent dans la RSE, se faire labelliser peut permettre de prendre conscience de ses forces et de ses faiblesses. Certains labels offrent en effet des axes d’amélioration, des formations et dispensent de nombreuses astuces pour aller plus loin dans la démarche. Autre avantage, obtenir un label permet souvent de bénéficier d’un réseau (plus ou moins local et plus ou moins en affinité avec votre cœur de métier selon le label choisi), et de nouer de nouvelles relations commerciales tout en partageant les bonnes pratiques.
Pour les entreprises de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire), obtenir un label RSE est souvent une suite logique, qui permet de renforcer une démarche déjà présente au sein de l’entreprise. Attention toutefois à ne pas confondre label RSE et agrément ESUS : tandis que le premier officialise la contribution d’une entreprise aux enjeux de développement durable, le second est un agrément qui ne concerne que les entreprises de l’ESS, et leur permet de bénéficier d’aides financières.
Enfin, l’engagement dans une démarche RSE, et a fortiori sa labellisation, permet parfois de réaliser des économies d’échelle significatives. En bénéficiant des conseils et des méthodes d’un label, une entreprise peut par exemple optimiser ses coûts, limiter ses pertes. Elle bénéficie souvent aussi d’une meilleure image auprès des consommateurs.
Trouver quel label RSE convient le mieux à son entreprise n’est pas chose aisée, mais le jeu en vaut la chandelle, ne serait-ce que pour voir sa démarche reconnue. D’autant plus que les choses devraient bientôt se simplifier : le rapport remis au Ministère de l’Économie en février appuie en effet pour une uniformisation et une meilleure lisibilité des labels, grâce à la création notamment d’une charte publique et d’une plateforme numérique regroupant toutes les informations liées aux labels RSE. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la RSE ?
Texte : Coline de Silans