Saviez-vous que la Rome antique possédait déjà des toilettes publiques ? Que c’est le roi Philippe Auguste qui ordonna de paver les rues des villes, car il n’en supportait plus l’odeur ? Que les chiffonniers étaient des précurseurs du recyclage ? Ou encore que ce n’est qu’en 1884 que les poubelles du célèbre Eugène, préfet de la Seine, ont fait leur apparition ?  Si de nombreux progrès restent encore à faire aujourd’hui en termes de gestion des déchets, les avancées en la matière ont été considérables depuis que l’homme a produit son premier détritus ! La notion même de « déchets » est très récente, et l’histoire de leur gestion est corrélée aux grands progrès sociaux, médicaux et industriels qui ont marqué les siècles. Alors attachez vos ceintures, on vous emmène quelques milliers d’années en arrière !

La Préhistoire ou l’absence de déchets

3000 ans avant J.C, c’est peu dire que les premiers hommes ne se préoccupaient pas de leurs déchets ! Et pour cause, ils n’en produisaient que très peu, et la plupart se décomposait naturellement. Restes de silex, cendres, excréments, os… Le peu que les hommes préhistoriques laissaient derrière eux n’était que matière organique, et se dégradait donc sans trop de complications.

Ce n’est que lorsque l’agriculture fit son apparition, et avec elle la sédentarisation, vers -7500, que les premières tentatives de se débarrasser des déchets firent leur apparition. Les hommes préhistoriques s’essayèrent alors à l’enfouissement, laissant la nature et le temps œuvrer, au brûlage, ou tout simplement au recyclage, en nourrissant leur bétail avec leurs ordures.

L’Antiquité, le début de la propreté

Selon plusieurs historiens, les villes antiques furent les premières à mettre en place un semblant de gestion des déchets. Parce qu’elles étaient très densément peuplées, les populations généraient des quantités astronomiques de détritus, et n’eurent d’autres choix que de les collecter pour éviter les problèmes de salubrité. C’est ainsi qu’à Rome, des fosses furent creusées en dehors de la ville pour que les habitants y déposent leurs ordures et les restes d’animaux sacrifiés. Les autres déchets pouvaient, eux, être déposés dans des vases en terre cuite au pied des habitations, ensuite vidés par des « boueux », ancêtres des éboueurs.

Des toilettes publiques furent également construites, mais la plupart des maisons n’en possédaient pas, et, bien souvent, les excréments finissaient tout simplement jetés… dans la rue. À Athènes, un système d’enlèvement des ordures, essentiellement composées de restes alimentaires, de vêtements usés et de débris de poterie fut également mis en place. C’est donc dans les grandes cités antiques que la gestion des déchets commença à être élaborée, mais c’était sans compter sur le Moyen-Âge et sa notion de la propreté toute relative !

Le Moyen-Âge, des ordures problématiques

Avec le développement du commerce, rapidement, les villes commencèrent à grossir, attirant une population toujours plus nombreuse, et produisant des déchets toujours plus nombreux. Très vite, la plupart des villes devinrent insalubres. Les excréments et les ordures étaient déversés dans les rues et les cours d’eau, les animaux étaient élevés dans l’enceinte des villes et contribuaient à polluer les rues, et les maladies commencèrent à proliférer.

Pour rendre les rues plus accessibles aux riverains et lutter contre l’odeur pestilentielle, le roi Philippe Auguste ordonne en 1184 de paver les rues. En 1343, Charles V fait construire des fossés couverts, où chaque habitant est supposé venir déposer ses ordures. Mais le lien entre hygiène et maladies est encore peu établi, et les citadins sont rares à se préoccuper du destin de leurs déchets. En conséquence, des épidémies dévastatrices s’abattent sur les villes, comme la fameuse peste noire, qui fit des millions de morts en Europe.

La Renaissance, des déchets encore peu traités

À partir du XVème et XVIème siècles, une série de réformes est mise en place pour tenter d’endiguer le flot des déchets, mais sans grandes conséquences. Il est décidé en 1505 que le royaume se chargerait d’enlever les ordures, et en échange, les citadins devraient payer un impôt spécial. Chacun est alors prié de balayer devant sa porte, avant que les tombereaux, eux aussi ancêtres des éboueurs, ne passent récupérer les ordures. Mais les habitants sont réticents à payer pour que l’on gère leurs déchets, et ces mesures seront finalement peu respectées.

À Paris, alors connue pour être la ville la plus sale d’Europe, Louis XIV tente mollement d’imposer quelques règles, sommant les habitants d’entasser les ordures dont ils souhaitent se débarrasser devant leurs portes, mais là encore celles-ci sont largement ignorées.

C’est toutefois à cette période que le métier de chiffonnier se développe. Ce sont eux qui collectent, puis transforment et revendent des chiffons, des papiers, des cuirs, des peaux, des métaux… Les os sont bouillis pour être transformés en bougies, les cheveux sont recyclés en perruques, et les tissus servent à faire du papier. Considérés comme les précurseurs du recyclage, les chiffonniers acquirent de plus en plus d’importance au fil des siècles, jusqu’à devenir une figure centrale de la société parisienne, au XIXe siècle.

Un chiffonnier avec sa charrette sur l’avenue des Gobelins, Paris, 1899 © Getty / Eugene Atget

Le siècle des Lumières, une hygiène encore timide

Alors que les déchets des grandes villes peinent encore à être évacués dans de bonnes conditions, la première loi concernant l’organisation du nettoyage des rues dans toute la France est promulguée à la veille de la Révolution française. Les habitants sont priés de balayer devant leurs habitations sous peine d’amendes. Pour ne pas avoir à s’y plier, les citadins les plus aisés délèguent ces tâches à des entreprises privées.

En 1778, la Société royale de médecine est fondée, afin d’étudier les épidémies. Il en est conclu que l’espace public doit être isolé, grâce à la construction de trottoirs et l’installation de pavés, que l’air doit être ventilé et les villes désencombrées. Si ces mesures permettent d’endiguer le flot des épidémies, la notion de propreté reste relative et la gestion des déchets est encore loin d’être perçue comme prioritaire.

Le XIXème, enfin un peu de propre !

Il faudra attendre 1870 pour que Louis Pasteur révèle les liens qui existent entre hygiène et santé. La population comprend alors que ce n’est plus l’odeur émise par les ordures qui est vecteur de maladies mais bien les ordures elles-mêmes. C’est le début d’une toute nouvelle perception de la propreté. Peu à peu, les réseaux d’eaux potables et de tout-à-l’égout se développent, sous l’impulsion du préfet Haussmann. En 1884, une loi de 1894 oblige tous les Parisiens à déverser leurs eaux usées dans les égouts et non plus dans la Seine. Les voies sont aménagées pour être nettoyées plus facilement, et des caniveaux sont construits.

En 1883, Eugène Poubelle, alors préfet de la Seine, invente le récipient qui porte désormais son nom, et impose à tous les propriétaires d’immeubles de fournir à leurs locataires ces nouvelles boîtes à ordures. Toutefois ce n’est que pendant la Seconde Guerre mondiale que l’usage des poubelles se démocratisera partout en France !

En 1893, la première usine d’incinération des déchets est construite, devenant la pratique la plus répandue pour éliminer les déchets.

Le préfet Eugène Poubelle et une livraison de nouvelles poubelles à Paris
Le préfet Eugène Poubelle et une livraison de nouvelles poubelles à Paris, 1951 © Rue des Archives/RDA/AGIP (Via Le Figaro)

Le XXe siècle, vers une véritable gestion des déchets

En 1907, il existe quatre usines pour traiter les déchets de Paris, par broyage et incinération. Après avoir laissé les ordures s’empiler à l’air libre pendant des siècles, l’incinération apparaît soudain comme la solution miracle à l’éradication des déchets, au détriment de la pollution de l’air, encore très peu prise en compte.

C’est aussi à cette époque que sont créés les premiers plastiques synthétiques, et que l’ère de l’emballage prend son essor, sur fond de Révolution Industrielle. Alors que les déchets sont de plus en plus nombreux, le 15 juillet 1975 est promulguée la première grande loi sur l’encadrement de la gestion des déchets. Celle-ci oblige chaque commune à collecter et éliminer les déchets des ménages. Pour la première fois, la notion de déchet acquiert une existence juridique. Toutefois, la plupart sont encore envoyés en décharge, contribuant à augmenter le risque de pollution et gâchant une quantité considérable de matières premières.

C’est pour remédier à cela qu’en 1992 est promulguée la loi Royal, qui interdit la mise en décharge. Au même moment, un décret prévoit que les entreprises doivent aider les consommateurs à valoriser leurs déchets : c’est l’apparition des premiers bacs de tri, et du recyclage !

Enlèvement des ordures ménagères au début du XXe siècle
Enlèvement des ordures ménagères au début du XXe siècle

 

Avec les préoccupations climatiques grandissantes, la bonne gestion des déchets est devenue indispensable pour limiter la pollution et endiguer le réchauffement climatique. Aujourd’hui, réduire ses déchets est devenue une priorité nationale, inscrite dans la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte, d’août 2015, puis dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, du 10 février 2020. Cela passe à la fois par une plus grande attention à ce que nous consommons, par la mise en place de réflexes vertueux, comme le tri, le réemploi ou le compostage, mais aussi par une meilleure compréhension des matières qui composent nos produits du quotidien.

D’ici 2030, la quantité de déchets ménagers devra avoir baissé de 15 % et celle des déchets dus aux activités économiques de 5 %. En espérant que notre siècle sera celui du zéro déchet !

 

Texte : Coline de Silans

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